Mathieu Matricon

Mathieu Matricon est apparu pour la première fois dans Ys en hiver (2000), où il est l'un des principaux protagonistes. On le retrouve ensuite, en tant que personnage secondaire, dans Ys au printemps (2001), Ys en été (2002), Hors-saison (in : Les cinq saisons d'Ys, 2007) et... Exoplanète (2009).

 

Mathieu en décembre 2001 :

La luminosité ambiante n’était pas suffisante pour que Mathieu Matricon eût pu se passer d’un rond de lumière afin d’éclairer son livre et les feuilles qu’il bleuissait avec constance et avec son stylo. Pourtant, la grande salle de lecture était située sous la verrière de la TMB et rien, sinon l’Economie Céleste, ne s’opposait à la pénétration des rayons lumineux. Mais c’était comme ça : il faisait sombre.

Au-dessus des tables de lecture individuelles, des passerelles traversaient la salle sur deux niveaux pour relier les rayonnages périphériques placés en hauteur. Sur l’une de celles du premier niveau, il y avait un homme et une femme qui se tenaient appuyés contre la rambarde et observaient Matricon.

- Tu vois ce con, Isabelle ? Tu lui files un lit de camp et un réchaud, il ne bouge pas d’ici de la semaine.

(Ys en hiver, I-1)

Mathieu Matricon releva la tête. Bruno, qui s’attendait à trouver un second Hélain, ne sut pas cataloguer le type dans son classeur à trombines. De taille moyenne, habillé insipide, c’était un passe-partout. Pas triste comme l’autre, pourtant. Rien de marquant dans sa physionomie, sinon un nez trop droit et un front trop dégarni. Les yeux étaient bizarres, d’un vert étrange.

(Ys en hiver, III-1)

 

Mathieu en janvier 2030 :

Depuis qu'il avait quitté la direction de la Très Marine Bibliothèque, dernier bastion culturel à la pointe de l'Armorique, battu par les flots de l'océan, battant les flots de l'ignorance, Mathieu Matricon s'était retiré dans la campagne de Haute Bretagne. Pas trop loin tout de même de l'Université de Rennes 2 et de ses livres.

(...)

Mathieu Matricon approchait la soixantaine. De taille moyenne, habillé insipide, c'était un passe-partout. Une calvitie sévère dévoilait la forme conique d'un crâne bien rempli. Il avait un nez droit formaté pour soutenir de larges et épaisses lunettes d'intello, lesquelles rendaient encore plus étranges ses yeux verts. Il était spécialiste des textes latins du haut Moyen-Âge celtique, ce fameux latin de cuisine si décrié dans le monde universitaire, mais que Matricon savait accommoder pour faire ressortir de savoureux fumets.

(...)

En ce milieu de matinée, Mathieu était en promenade. Son chien gambadait loin devant. Quelques pâtés de maisons, le bocage, une friche, un lotissement, des arbres nus ici et là, cela suffisait largement pour distraire ce fou des livres entre deux demi-journées de travail intense. Il ne se lassait jamais de lire. Il n'oubliait pas de vivre, c'était sa vie. Aux rares personnes qui le fréquentaient, il donnait l'impression de se consumer à petit feu. C'étaient pourtant de bien grandes flammes qui dansaient dans sa tête. L'intérieur de Mathieu Matricon était ardent comme l'enfer ignivome, pavé de gros in-quartos ignifugés. Même que ses yeux verts démesurément grossis par ses épais carreaux devenaient orange quand il entrait en phase d'excitation...

(Exoplanète, II-2)

 

Un personnage de roman qu'on retrouve dans une histoire censée se passer vingt-huit ans après celle où il apparaît pour la première fois, pas banal, non ? Bon, OK, OK, il y a des précédents célèbres...